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Douce Dame

Dans la société médiévale c'est le masculin qui exerce dans tous les milieux les pouvoirs de domination, de décision et d'organisation. Cependant à la charnière des 11e et 12e siècles apparaît une nouvelle définition des rapports entre les hommes et les femmes, concédant à celles-ci une position plus favorable.

 

Deux phénomènes distincts sont à l'origine de ce changement :

 

D'une part l'apparition sous l'impulsion des troubadours provençaux (suivis rapidement par les trouvères du nord de la France) de l'amour courtois ou fin' amor. A l'origine la dame ou domina désigne dans la noblesse l'épouse du seigneur du château, de la maisonnée (domus). Empruntant les codes de la féodalité, la dame exerce sur le poète qui est souvent d'un rang inférieur, un véritable pouvoir de domination, lui imposant dans sa quête amoureuse des étapes successives aussi longues que ritualisées la rendant dès lors inaccessible. L'amour courtois apparaît ainsi comme une façon plus spirituelle et raffinée d'établir la relation entre hommes et femmes et va marquer profondément les mentalités en occident .

 

D'autre part l'influence du christianisme qui développe à cette époque le culte de la Vierge (donnant lieu lui aussi à un corpus musical considérable) et par ailleurs l’Église, en définissant la nature sacramentaire du mariage, valorise le libre consentement des époux ce qui aboutit à une amélioration de la position de la femme au sein du couple et de la famille.

 

C'est ainsi que coexistent à travers la création musicale des 12e et 13e siècles deux versions de la dame. La céleste, la Vierge Marie célébrée dans la liturgie, capable d'intercéder auprès du chrétien et la dame du poète, insaisissable, inabordable, à qui le troubadour voue parfois un culte quasi mystique.

 

Pour notre programme nous avons choisi de présenter en miroir cette dualité de la « Douce Dame », parfois céleste, parfois terrestre. Des pièces liturgiques (plain chant et organum) et paraliturgiques (motets, chansons pieuses) croisent des chants de troubadours et trouvères, émaillés ça et là de quelques textes tirés de la littérature mystique et courtoise du 13e siècle.

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