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Stella splendens

 

 

« La douce Mère au creatour

A s'esglise Rochemadour

Fait tant miracles, tant biaux fais

C'uns mout biax livres en es fais;

Plusieurs foies leü l'ai... »

                                                                  Gautier de Coincy

 

 

Dans le Nouveau Testament, les miracles accomplis par Jésus, manifestations

pour les chrétiens de la puissance et de la gloire de Dieu, sont les archétypes de ce que seront, durant la période médiévale, les prodiges associés au culte des saints.

Les plus anciens recueils de miracles qui nous soient parvenus concernent Martin, évêque de Tours au IVe siècle. D'autres récits vont se constituer pendant le Haut Moyen Age et à cet égard, la figure de Marie n'apparaît que progressivement au sein de cette ferveur religieuse.

Proclamée « Mère de Dieu » au concile d'Ephèse en 431, la Vierge semble éclipsée par la gloire de son Fils durant les premiers siècles du christianisme. Cependant son statut va peu à peu se modifier ainsi que l'atteste l'augmentation dans la liturgie, du nombre de fêtes qui lui sont consacrées. Mais c'est à partir du XIIe siècle qu'elle devient une figure centrale de la chrétienté.

Le culte de la Vierge, médiatrice bienveillante entre le fidèle et Dieu fait homme prend alors son essor en Europe. Dès cette époque des clercs tiennent à jour dans les différents sanctuaires qui lui sont consacrés (Chartres, Laon, Soissons, Londres...), des registres consignant les prodiges réalisés par son intercession.

 

Rocamadour est un lieu de pèlerinage attesté depuis le début du XIe siècle et une chapelle dédiée à la mère de Jésus accueillait les pèlerins venant faire pénitence sur les rives escarpées de l'Alzou (Henri II Plantagenet y vint à deux reprises).

La renommée européenne du lieu tient à la découverte providentielle sous le seuil de la chapelle, d'un corps parfaitement conservé que les hagiographes de l'époque s'empressèrent d'identifier comme étant celui d'Amadour. Serviteur de la Sainte Vierge, il serait passé en Gaule et au terme d'une vie retirée mourut loin du monde en pays de Quercy.

 

Compilé vers 1170,  Le livre des Miracles de Notre-Dame de Rocamadour  est vraisemblablement l'œuvre d'un moine vivant près du sanctuaire. Cent vingt six récits relatant les miracles opérés par la Vierge Marie (et non par les reliques de Saint Amadour) constituent l'ensemble du texte. Si les guérisons occupent une place importante dans l'ouvrage, la Vierge délivre aussi les prisonniers, sauve les condamnés, calme les tempêtes, éteint les incendies, confond les voleurs et quelques fois inflige elle même des châtiments.

 

Gautier de Coincy (1177-1236) affirme avoir lu plusieurs fois le livre de Rocamadour. Homme d'église (il fut moine, prieur puis grand prieur dans l'est de la France), il est l'auteur des Miracles de Notre-Dame, œuvre poétique de 8 000 vers comprenant également un ensemble de 14 chansons mariales en forme de prière.

C'est donc tout naturellement que nous avons choisi d'inclure quelques unes de ses plus belles pièces à notre programme.

Cependant, de nombreuses chansons à la Vierge sont d'auteurs anonymes et parfois aussi des contrafacta de pièces profanes (adaptations de paroles nouvelles sur une mélodie pré-existante). Ainsi « L'autrier m'iert r'endormiz » est un contrefactum de la chanson du Châtelain de Coucy «Quant li rossignoz joliz ».

Fait rarissime, l'auteur l'indique lui-même dans le 2e couplet 

 

« Quant li rossinoil jolis

Chante seur la flour d'esté

C'est li chans seur quoi j'ai mis

Le dit que je ai trouvé »

 

Nous avons choisi également d'insérer quelques motets polyphoniques tirés du manuscrit H196 de la faculté de médecine de Montpellier dont un certain nombre sont dédiés à la Vierge. D'origine parisienne, ce manuscrit contient plus de 300 compositions anonymes, principalement à trois voix et datées pour l'essentiel du XIIIe siècle.

Enfin ce programme s'achève par une pièce tirée des « Cantigas de Santa Maria », recueil de plus de 400 chants écrits en galicien et qui fut constitué sous la direction du roi de Castille Alphonse X le Sage (1221-1284).

 

 

 

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