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Richard outre-mer

 

C'est la prise de Jérusalem par Saladin en 1187 qui

incita le pape Grégoire VIII à lancer un appel à une

nouvelle croisade. Cette troisième expédition

démarra sous les meilleurs auspices. En effet, trois

des plus puissants souverains européens décidèrent

de se croiser et de se rendre « outremer » afin de

reprendre la ville sainte.

Frédéric Barberousse prit la route terrestre alors que

Philippe Auguste et Richard cœur de Lion choisirent la

voie maritime. Cependant l'empereur germanique se

noya accidentellement en Anatolie et seuls quelques

centaines de chevaliers allemands parvinrent à destination. Les français et les anglais réussirent à reprendre Saint Jean d'Acre assiégé depuis deux ans mais aussitôt après cette victoire, Philippe Auguste retourna en France laissant à Richard le soin de poursuivre les hostilités. La suite sera une longue série d'escarmouches où le souverain anglais forcera par ses prouesses l'admiration de ses adversaires. Mais jamais Richard ne parviendra à reprendre Jérusalem. Il consolidera cependant les positions des croisés le long d'une étroite bande côtière du littoral méditerranéen, retardant ainsi la chute inéluctable de la Syrie franque. Il faudra attendre le printemps 1291 avec la prise de Saint Jean d'Acre par les Mamelouks pour clore ce long épisode de la présence occidentale au Proche Orient.

« L'Estoire de la guerre sainte » concerne précisément la 3e croisade et c'est un récit tout à fait exceptionnel. Conservé dans un unique manuscrit se trouvant à la Bibliothèque du Vatican, il est l’œuvre d'un témoin oculaire ayant participé au périple de Richard Cœur de Lion.

L'auteur nous fait connaître son nom, il s'appelait Ambroise, « Ambroise dit, qui fist cest livre » (vers 171) et semble avoir été présent aux côtés du roi d'Angleterre dès 1188 jusqu'à son rembarquement en 1192 vers l'Europe.

Gaston Paris, philologue et médiéviste de renom, propose dans son édition réalisée en 1896 une origine normande à Ambroise et le fait plus précisément natif de l'Evrecin. De condition modeste il semble ne pas avoir appartenu au contingent militaire de l'expédition ni au clergé. Tout laisse à penser qu'il devait être un écrivain ou un jongleur professionnel c'est à dire un poète, diseur de contes et musicien, rodé à l'interprétation des chansons de geste. Simple pèlerin parmi d'autres, il entreprit ce voyage certainement par dévotion mais pour Gaston Paris « Ambroise destinait son poème a être récité en public, soit par lui même, soit par d'autres auxquels il en céderait une copie et il s'en promettait un légitime profit ».

Il est probable qu'Ambroise tenait un journal, prenant des notes au jour le jour, consignant les événements dont il était témoin. et relatant ce qui lui paraissait intéressant. La rédaction du poème se situe selon toute vraisemblance vers 1196 soit quelques années après son retour en Europe et un peu avant la mort de Richard Cœur de Lion (à Châlus en 1199).

De larges extrait du texte sont insérés au milieu de pièces vocales et instrumentales du XIIe et XIIIe siècle. Un nombre important de chansons de croisade (certaines relatives à celle de 1189) mais également des motets polyphoniques tirés du manuscrit de Montpellier, des danses du manuscrit du Roy et quelques chansons provenant des Carmina Burana constituent l'essentiel de notre concert. Cette musique est en quelque sorte l'illustration sonore de ces lointaines expéditions qui devaient conduire, par vagues successives, des dizaines de milliers d'européens vers les rives proche-orientales de la Méditerranée.

 

 

 


 

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